La faillite du mouvement communiste international a entraîné un fort recul des idées marxistes dans le monde, et particulièrement dans les pays impérialistes. Malgré un retour timide sous des formes plus ou moins sociales-démocrates, ce constat est sans appel. L’une des conséquences de cette situation est le développement du poststructuralisme dans ce qui est couramment appelé la “pensée critique”1 au sein des universités. Le poststructuralisme, difficile à définir par sa nature même, est un courant philosophique bourgeois ayant comme prémisse l’abandon de la possibilité d’une théorie universelle du monde social, en étudiant ainsi les objets uniquement d’un point de vue descriptif et relatif, abandonnant ainsi la possibilité de vérités générales et de prédictions scientifiques. Pour les auteurs influencés par ce courant, du fait de notre subjectivité et du caractère complexe et changeant du monde social, il nous est impossible de le comprendre de façon objective, nous ne pouvons donc qu’analyser les “discours” qui le façonnent.
Le poststructuralisme et sa méthode2 ont directement ou indirectement influencé de nombreux courants universitaires. Ainsi les études post-coloniales, études subalternes ou encore le courant décolonial, suivant leur zone géographique et certaines subtilités théoriques, ont progressivement pris une place prépondérante dans l’analyse des sociétés postcoloniales, dans la sphère médiatique. L’objet de leurs études est la critique du discours et de la théorie occidentale, que cela soit dans la culture, la philosophie ou l’histoire, voire les sciences exactes pour certains. À partir de cet examen critique, l’objectif est la production d’une connaissance “indigène”, une théorie des post-colonies par les post-colonies. Ils sont directement influencés par le post-structuralisme de par leur relativisme et leurs analyses portées sur les “discours”, mais ils ne partagent pas tous le rejet absolu des “grands récits” typique du postmodernisme en faisant du colonialisme et de la race le grand récit structurant des sociétés postcoloniales. Si de nombreux auteurs viennent à l’origine de la tradition marxiste, la critique du marxisme, ou du moins de ce qui est considéré comme son interprétation orthodoxe (rôle de la lutte des classes, universalisme, théories des stades), apparaît rapidement comme un point commun central de l’ensemble de ces courants, dont les thèses sont loin d’être unifiées. Ces courants sont exclusivement universitaires et n’ont pas produit d’organisations influentes. De plus, contrairement à leur prétention initiale de production de connaissances indigènes, ils n’exercent une certaine influence que dans les “milieux militants” des pays occidentaux et de certains pays de la semi-périphérie dont la composition sociale, essentiellement étudiante et intellectuelle, facilite la porosité avec les idées issues des universités. Nous pouvons toutefois noter une certaine influence de par leur rôle de conseil et de soutien pour des gouvernements de gauche “développementaliste” comme celui d’Evo Moralés en Bolivie, mais aussi, et bien que cela ne soit pas le cas de tous les subalternistes, au réactionnaire et nationaliste hindou Modi en Inde.
On peut alors se questionner sur l’intérêt pour les militants communistes de s’intéresser à ces courants. Cependant, que nous le voulions ou non, nous sommes amenés à graviter dans ce fameux “milieu militant” français et il nous paraissait donc important de nous arrêter sur un des points saillants de leur théorie : le supposé caractère “eurocentré” du marxisme. Il ne s’agit pas pour nous de s’engager dans un débat d’académiciens dans lequel nous ferions une étude détaillée des auteurs de ces courants, mais plutôt de défendre le marxisme contre une accusation dont les conclusions poussent à l’impuissance politique, au relativisme, et au fond à adopter une vision coloniale du monde. Bien au contraire, nous allons découvrir ou redécouvrir qu’une idéologie née en Allemagne au XIXème siècle peut nous éclairer sur des situations extrêmement différentes du contexte qui l’a vu naître.
Définir le marxisme et l’euro-centrisme
La première tâche est de donner un cadre à ce débat. Nous entendons par “Marxisme”, la théorie politique, philosophique et économique du socialisme scientifique, mais également le mouvement réel des militants s’étant appuyé sur ces théories pour la transformation du monde et la construction du communisme. Le marxisme a ainsi été développé par de nombreux militants, intellectuels et organisations et ne saurait se résumer à la personne et aux écrits de Karl Marx.
Il serait compliqué d’expliquer en détail ce qu’est la méthode marxiste dans cet article. Cependant, il nous paraît utile de faire un bref rappel afin de rendre la suite de notre exposé intelligible pour tous les lecteurs. Le marxisme est une théorie qui appartient au courant matérialiste de la philosophie. Cela signifie qu’il considère que la matière existe indépendamment de l’esprit, et que la pensée n’est qu’une production de la matière. A partir de ce postulat de base, le marxisme cherche à analyser les lois qui sous-tendent le développement des sociétés humaines. Dans le domaine de l’étude de l’histoire, le matérialisme conduit à considérer que c’est la base matérielle d’une société, c’est à dire l’environnement dans lequel vivent les hommes et la manière dont ils produisent et reproduisent leurs conditions d’existence (autrement dit l’économie), qui détermine en dernière analyse la forme et les caractéristiques d’une société (par exemple ses croyances, son système politique, son droit). L’évolution d’une société humaine n’est donc pas dû en premier lieu à des idées novatrices qui vont être appliquées dans le réel, mais à des changements dans la manière de produire, à un développement des moyens humains et matériels permettant la reproduction de la vie humaine. L’un des avantages de cette méthode est qu’elle permet d’étudier une société donnée non pas comme s’il s’agissait d’un ensemble figé, mais au contraire de l’étudier comme un ensemble traversé par de nombreuses contradictions et en évolution perpétuelle. Comprendre les lois qui sous-tendent les transformations affectant les sociétés humaines, loin d’avoir un intérêt seulement descriptif et de pousser à l’inaction, est une condition indispensable pour transformer le monde dans lequel nous vivons.
Le sujet de cet article n’est pas de déterminer si Marx ou Engels ont pu faire preuve d’un raisonnement eurocentré dans certains de leurs écrits. C’est d’ailleurs le cas : bien qu’extrêmement progressistes pour leur époque, ils ont pu avoir des raisonnements, des propos ou même des actes qui paraissent aujourd’hui réactionnaires. Néanmoins, le reconnaître ne dit pas grand chose de la validité ou non du matérialisme historique, qui consiste à faire l’analyse de l’histoire humaine à partir de son contexte économique et de la succession de modes de production, soit la conception de l’histoire développée par Marx et Engels. La problématique est plutôt de savoir si le marxisme comme doctrine du changement social est en quelque sorte condamné à l’eurocentrisme et s’il peut être mobilisé pour la révolution sociale dans les pays non-occidentaux.
L’eurocentrisme peut quant à lui être défini comme la tendance à analyser le monde et ses phénomènes en adoptant un point de vue exclusivement européen, et ainsi en considérant comme universelles les cultures, normes et valeurs européennes. Selon cette vision du monde, la trajectoire de développement suivie par les sociétés européennes est la seule voie menant vers le progrès et la modernité, et constitue un chemin à suivre pour toute l’humanité.
Nous évoquerons ici les théories post-coloniales, décoloniales et subalternes, qui malgré leurs différences disposent de caractéristiques communes. Nommément, leur volonté de produire des savoirs “décolonisés” et épargnés de l’influence intellectuelle occidentale ainsi que leur rejet des grandes théories ou “récits” occidentaux (dont au premier plan le marxisme) comme cadre théorique pouvant être appliqués aux sociétés non-occidentales.
Critiques académiques
Le postulat de départ des accusations d’eurocentrisme à l’encontre du marxisme est l’existence d’une rupture épistémologique entre Occident et Orient, ou du moins un fossé suffisamment grand qui nécessiterait l’élaboration d’une théorie différente pour l’explication des phénomènes sociaux. Selon cette école de pensée, le monde social et ses acteurs (individus, classes, genres) évoluraient dans des contextes si différents et/ou auraient des structures mentales si éloignées de leurs équivalents européens que l’utilisation d’une théorie issue de l’Europe serait condamnée à exporter de manière inadéquate ses propres schémas sur des réalités différentes. C’est avec le même raisonnement que la rationalité est elle aussi écartée, quand bien même de nombreuses traditions rationalistes sont nées dans des pays de l’Orient.
Ce premier postulat rentre donc directement en contraction avec l’objectif marxiste de l’élaboration d’une théorie universelle à même d’analyser et de transformer les sociétés humaines au-delà de leurs déterminations particulières. Si les partisans des théories postcoloniales peuvent tenter de réfuter le marxisme par d’autres moyens, c’est avant tout par cet élément central que l’ensemble de la théorie marxiste est mise de côté. La conclusion implicite est l’impossibilité d’élaborer une théorie qui permettrait de dévoiler des lois universelles du développement des sociétés humaines.
On ressent là les influences poststructuralistes des penseurs postcoloniaux. Ces influences venant des deux rives de l’Atlantique nord peuvent d’ailleurs prêter à sourire étant donné le projet initial de production d’un savoir indigène. Elles ne sont pourtant pas un hasard étant donné la composition sociale universitaire de ses courants. On assiste à une déconnexion forte entre les buts affichés et la méthode qui se base bien peu sur des travaux d’enquête socio-anthropologique et en restent souvent à l’étude littéraire ou discursive.
Le développement social et économique des sociétés humaines est analysé par Marx à travers le prisme universel des rapports entre les humains et avec leur environnement. Les différences de contexte et de développement sont analysées majoritairement sous l’angle du développement des forces productives et des rapports de production. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas exister de grandes différences entre les sociétés humaines dans leurs cultures respectives ; cela revient plutôt à affirmer que les différentes cultures humaines n’ont pas une essence immuable, et qu’elles sont chacune le fruit d’un développement historique particulier. En ce sens, le marxisme rejette les essentialisations fixes et figées. Il s’oppose frontalement au relativisme, qui affirme que les faits sont simplement relatifs à nos perspectives, en révélant la primauté de la matière et en affirmant qu’il est possible de produire une connaissance objective du réel. Le caractère universaliste du marxisme est double : non seulement il éclaire le développement des sociétés humaines à travers un prisme universel, qui est celui de son rapport à la production, mais il est également un projet universaliste, l’arme dans la lutte pour une humanité sans exploitation ni oppression.
En ce sens, les militants marxistes du XIXème siècle, pourtant perclus des préjugés de leur temps, étrillaient les conceptions bourgeoises d’un exceptionnalisme européen qui leur aurait permis de conquérir le monde à travers une supposée supériorité culturelle ou raciale. Il faut toutefois ne pas blanchir notre propre histoire et reconnaître que des organisations socialistes ont défendu le colonialisme à la fin du XIXème siècle et à plusieurs moments lors du XXème (comme le SPD3 ou le PCF), mais les scissions dans ces organisations se sont accompagnées d’une critique radicale de ce social-chauvinisme, combat mené justement par l’aile marxiste de ces partis. Lorsque nous analysons ces dérives sociales-chauvines, il est toujours nécessaire de séparer ce qui peut être attribué directement à l’idéologie marxiste en tant que telle et ce qui est lié au contexte spécifique dans lesquels ces partis évoluent. L’émergence de partis communistes résolument anti-colonialistes et le développement de mouvements de libération nationale s’inspirant et se revendiquant du marxisme constituent la preuve historique que le développement des parti sociaux-démocrates chauvins étaient loin de constituer une fatalité du marxisme. La fécondité de l’analyse marxiste est d’autant plus illustrée par le développement des théories de l’impérialisme, permettant d’analyser les rapports de domination et de dépendances économiques mondiaux. Si le social-chauvinisme est toujours à combattre, le marxisme nous donne des outils pour un internationalisme concret prenant en compte la domination d’une poignée de pays impérialistes sur le reste du monde.
A l’inverse, les critiques du marxisme malgré leur prétention décoloniale ont tendance à reprendre le discours bourgeois colonialiste mais en prenant bien soin de ne pas le développer jusqu’au bout pour ne pas faire apparaître de convergence avec leur principal ennemi, le discours colonial “civilisateur” lui-même. Il paraît osé de porter cette critique à des courants dont toute la tâche revendiquée est justement de s’extirper de cette vision du monde, et cela souvent avec une véritable sincérité. Mais leur rejet de l’universalité d’un développement humain basé sur sa reproduction matérielle ouvre grand la porte à la justification de la forme des sociétés humaines par de nouvelles spécificités culturelles essentialistes. Si on rejette le matérialisme historique comme théorie de l’Histoire, voire qu’on rejette le principe même d’une théorie de l’Histoire, alors comment analyser les différences culturelles et la domination de certaines nations sur d’autres ? Bien souvent les auteurs de ces courants évitent ces questions en se contentant de rester dans le descriptif sans s’aventurer dans l’explicatif. Mais en laissant la recherche des causes en suspens, ils retombent dans des justifications sur l’essence culturelle ou philosophique, considérant les sociétés orientales comme “spirituelles” par nature et imperméables à la rationalité occidentale, reprenant ainsi en miroir le discours colonial qui justifiait la domination coloniale par une prétendue supériorité de la culture occidentale. En transformant le rationalisme, l’universalisme, le sécularisme en concepts purement occidentaux et par nature condamnés à le rester ils ne sont pas si différents des orientalistes qui admiraient l’ésotérisme de ces sociétés. C’est toute la contradiction des courants postcoloniaux, qui affichent haut sur leurs bannières une volonté de combattre tout essentialisme ou toute vision coloniale du monde, mais qui doivent vite se replier dans une grande confusion sémantique pour masquer toute la portée réactionnaire de leurs thèses.
On pourrait à juste titre nous répondre qu’en défendant ainsi l’universalisme nous portons le même mot d’ordre que de nombreux colons “éclairés” qui ont voulu justifier leurs entreprises mortifères par les idéaux des Lumières. À cela nous répondrons que c’est justement dans les luttes anti-coloniales, de la révolution haïtienne aux héroïques luttes de libération nationale, que l’universalisme concret est réalisé par la lutte pour une humanité débarrassée de l’exploitation sous toutes ses formes. A l’inverse, l’étude du colonialisme nous montre l’abyssal fossé entre les objectifs “civilisationnels” des colons et leur pratique concrète de prédation et de sous-développement. Ce ne sont pas le rationalisme, l’athéisme ou le socialisme qui ont été importés dans les colonies mais le feu, la misère et l’arbitraire.
L’immense majorité des luttes anti-coloniales, d’Hô Chi Minh à Amílcar Cabral, ont été menées aussi avec les armes des idées d’une émancipation universelle contre le particularisme colonial. C’est bel et bien cet universalisme qui a vaincu l’universalisme colonial, qui n’était au fond que la justification crasse des intérêts particuliers des nations impérialistes dominantes. De la même manière, nous souhaitons la fin de la liberté bourgeoise formelle, liberté d’exploiter et d’asservir, pour instaurer la liberté de nouveaux rapports humains sans exploitation ni oppression. En tant que marxiste nous luttons pour l’universalisme concret et faisons la critique sans concession de l’universalisme bourgeois impérialiste.
Un marxisme non-eurocentré
Mais la défense du marxisme n’implique pas une application aveugle de ce qui est rédigé dans les ouvrages classiques. Marx en établissant une théorie des stades de développement (esclavagisme/féodalisme/capitalisme/communisme) à partir de l’analyse historique des changements de mode de production européens, est critiquable. Est-ce que les sociétés humaines doivent suivre unilatéralement cette succession de stade pour arriver un jour à une société sans classe, sans oppression de l’homme par l’homme?
Rappelons que même si le marxisme constitue pour nous, révolutionnaires communistes, un outil primordial pour notre lutte, il n’est pas un produit fini à appliquer et à moduler bêtement pour qu’il rentre dans notre analyse du monde contemporain. Marx lui-même, qui avec Engels a conçu le modèle initial des stades du développement socio-économique en est venu à remanier et développer son modèle conceptuel. Il introduit également par la suite ce qu’il nomme “mode de production Asiatique” (MPA) relatif au développement particulier de certaines sociétés et comme alternatif au mode de production esclavagiste. Si ce mode de production est également contestable, il atteste de la volonté d’adapter le matérialisme historique aux différents chemins qu’a pris le développement des forces productives à travers le globe. Le marxisme nous donne avant tout une méthodologie pour analyser et théoriser le monde, et ses théories sont à alimenter, à réactualiser et à développer, voire à abandonner lorsque cela est nécessaire, en parallèle du contexte dans lequel les luttes évoluent et les connaissances se précisent.
Néanmoins, le fait de disposer d’un appareil méthodologique adapté pour analyser le courant de l’histoire humaine, nous armant et nous donnant une vision claire des rouages de notre oppresseur commun, est essentiel pour les travailleurs et les peuples opprimés du monde entier. Car si la domination du Capital ne se déploie pas de la même manière et avec la même brutalité en France, au Congo, en Argentine ou en Inde, c’est bien du même système capitaliste-impérialiste dont il s’agit. En ce sens, les divisions nationales ne doivent pas nous pousser à nous arc-bouter sur nos particularismes. Nous avons au contraire le devoir de développer un internationalisme concret. D’autant plus dans un pays impérialiste dominant comme la France. Lutter pour la justesse de la théorie marxiste n’est pas une vue de l’esprit, c’est l’échange et le débat avec les militants communistes à travers le monde pour développer la théorie et la stratégie de notre émancipation globale.
Conclusion
La conséquence logique de la critique du caractère eurocentré du marxisme est son rejet comme théorie de l’émancipation sociale dans les pays non-occidentaux. Ce rejet est également régulièrement étendu aux rapports sociaux au sein de l’immigration postcoloniale dans les pays occidentaux. Progressivement, le marxisme en vient à être réduit à une simple théorie économique, ou tout simplement à être abandonné. Son caractère d’analyse globale de la société capitaliste s’est fait oublier et s’est fait mettre au même plan que les théories poststructuralistes, comme un vague outil socio-économique supplémentaire.
Et pourtant, il s’agit d’un outil qui permet l’analyse globale de la société en mouvement, qui permet de rendre compte de la structure et de la dynamique du système social (son origine, son présent et son avenir probable). Il déploie une méthode, la dialectique, et une pratique, la lutte révolutionnaire. Il a été le support d’analyse pour un grand nombre de révolutions partout dans le monde, ainsi que pour d’innombrables luttes du prolétariat.
Il permet un développement de sa méthode et une réactualisation permanente par les différents théoriciens et militants qui ont su se saisir de l’outil en fonction de leurs contextes respectifs. Et cela dans des sociétés aussi différentes que la Prusse, la Russie tsariste, l’Indochine colonisée ou la Chine des seigneurs de guerre.
Le marxisme est un moyen d’abstraction très puissant qui permet de comprendre le monde social qui nous entoure et son développement, qu’il s’agisse d’une petite entreprise où un syndicat est implanté ou des enjeux de gouvernements impérialistes et de leurs systèmes financiers. Il révèle ainsi un système oppressif commun et en dévoile les rouages. De par l’analyse du fonctionnement du capitalisme, il ne se contente pas de constater la multiplication des contradictions présentes entre les classes et entre les nations. Le marxisme propose une méthode de résolution des contradictions du monde social par la politique révolutionnaire.
Une fois abandonné le marxisme, nous pourrions nous demander quelles sont donc les formes de luttes alternatives ? Quelle est la théorie révolutionnaire produite par ces intellectuels ?
Pas plus que leurs comparses dans d’autres champs universitaires, les théoriciens poststructuralistes critiquant l’eurocentrisme du marxisme n’ont pas produit d’idées ou d’organisations au service du changement social. Ils se sont finalement contentés d’interpréter le monde, en ne donnant aucune perspective de lutte. À nous, maintenant, d’utiliser le marxisme non pas comme un dogme mais comme une méthode vivante d’interprétation, mais surtout de transformation du monde.
Bibliographie indicative
AMIN Samir, L’eurocentrisme: critique d’une idéologie, 1988
ANDERSON Kevin, No, Karl Marx Was Not Eurocentric, jacobin.com, 2022
BASCHET Jérôme, Malaise dans la décolonialité – Débats au sein des critiques du colonialisme, terrestres.org, 2025
BASSINO Jean-Pascal, La grande divergence entre l’Europe et l’Asie: d’hier et d’aujourd’hui, ses.ens-lyon.fr, 2022
CHIBBER Vivek, Théorie post-coloniale et le spectre du capital, 2018
LINDNER Kolja, Marx’s Eurocentricism: Postcolonial studies and Marx scolarship, radicalphilosophy.com, 2010
- La qualification de ce courant et la classification du Marxisme comme une de ses tendances est elle-même grandement contestable mais ce n’est pas le sujet de l’article
- Pour une critique de la méthode structuraliste et poststructuraliste synthétique voir : https://unitecommuniste.fr/articles/la-deviation-structuraliste-limperialisme-et-la-guerre-russo-ukrainienne/
- Parti social-démocrate d’Allemagne.